En contrepoint du message d'ouverture de ce blog, signalant Babylone comme grande pourvoyeuse d'imaginaire, Dubaï et les aménagements en cours de réalisation — îles artificielles aux formes imagées largement pourvues en lotissements particulièrement inaccessibles au commun des mortels — donnent l'occasion de poser les limites du recours à l'imaginaire pour penser la ville de demain. Il n'y a là rien de plus qu'un jeu sympathique autour d'une imagerie sans imagination et sans le moindre souffle d'imaginaire. Prouesses techniques et financières ne peuvent garantir un appel intelligible à l'imaginaire. Ici, une modernité se mourante se traîne sans parvenir à satisfaire la possibilité d'une postmodernité.
Sans rapport immédiat, mais pour le plaisir de prendre la mesure de ce que représente une société qui se perd dans ce type de défi sans imaginaire, vous lirez l'ouvrage de Mike Davis : Le stade Dubaï du capitalisme (2007).
résumé
"Village de pêcheurs devenu métropole mondiale en moins de vingt ans, lieu de tous les superlatifs (plus haut gratte-ciel, plus vaste centre commercial, plus grandes îles artificielles, hôtel le plus étoilé...), Dubaï pourrait bien signaler l'émergence d'un stade nouveau du capitalisme, encore inconnu sous nos cieux : un système à la fois plus ludique, par la généralisation du loisir touristique et de la jouissance commerciale, et plus violent, entre chantiers esclavagistes et politique de la peur, grâce aux guerres qui font rage de l'autre côté du Golfe persique - soit une société sans vie sociale ni classe moyenne, pur mirage de gadgets sans nombre et de projets pharaoniques. L'analyse de Mike Davis pointe les rapports de force à l'œuvre derrière le phénomène Dubaï ; elle est complétée par une réflexion de François Cusset sur les défis posés aux " démocraties " occidentales par l'insolente réussite de Dubaï, Inc."
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