La ville est réalité. Le réel du quotidien qui parfois se rappelle durement à chacun fait souvent oublier ce qui n'est guère saisissable, mais qui pourtant fait sens. La dimension symbolique offre un accès presque direct à cet aspect de la réalité urbaine. Toucher à la part d'imaginaire qui fonde le rapport au réel est bien plus complexe. Cet espace livre quelques réflexions promptes à rendre ce monde plus accessible. Entre sciences humaines et sociales, art et littérature, l'imaginaire se dévoile, y compris pour les villes d'aujourd'hui. Pour mieux comprendre ma démarche voir ma plateforme professionnelle et le blog inhérent.

vendredi 30 mai 2008

la ville de demain et le numérique comme outil de représentation : un imaginaire renouvelé ?

Les technologies, après avoir été placées au cœur du projet futuriste, se mettent aujourd'hui à la disposition de sa formulation. Il faut la donner à voir.


Ci-après on est en 2050 et l'on pourrait y reconnaître les décors de Metropolis de Fritz Lang, les décors en carton en moins. Mais la ville à toute vitesse, oppressante est encore là. 


Alors, il devient possible de donner à voir la ville de demain à ses habitants. Ici, Shanghai s'offre en 360°. 


Et les outils actuels (générés notamment par Google) proposent même le Londres d'après demain.


Au final, la ville verte est même imaginée. 


source : You Tube

mercredi 28 mai 2008

juste avant la ruine, fausses ruines










L'idée renvoie à cet instant où la ruine n’est pas encore ruine …

•• Monsù Desiderio (François de Nomé, architecte visionnaire de drames démesurés, et Didier Barra, spécialiste de vues panoramiques minutieusement documentées) l'illustre parfaitement. Ils sont nés à Metz à la fin du XVIe siècle pour s’installer à Naples durant la première moitié du XVIIe siècle. Auteurs sous ce pseudonyme d'œuvres énigmatiques et surprenantes (ruines, cataclysmes, architectures fantastiques). Ici, Explosion dans une église. Asa détruisant le temple de Priape (XVIIe siècle) 


•• Rinaldo Mantovano d’après les dessins de Giulio Romano (1530-32) : fresques de la salle des Géants du palais du Té à Mantoue. Ecrasement des géants révoltés par Jupiter.













… mais également au moment où la ruine se perd dans une forme de réduction discutable (la fausse ruine) : 

•• ancienne # 1834 : M. Boitard, L’art de composer et de décorer les jardins, Paris, Roret 









•• ou plus contemporaine parfois associé à l'idée de catastrophe # Best Showroom, Houston Texas (Agence Site, NY - 1975) et Royal Garden Plaza, Pattaya, Thaïlande.
 













et puis il y a la ruine comme mémoire collective admirablement traitée par Lucien Kroll pour un bâtiment de la faculté de médecine de Louvain-la-Neuve. 

faire naître de la ruine




Suite à l’impact des deux avions, l’effondrement des tours jumelles à New York a d’abord conduit à l’observation d’une ruine « ardente » éphémère, puis à un vide — symbole de la perte de/du tout — en attente de l’incarnation d’une mémoire collective à matérialiser, à rendre visible. De nombreux projets architecturaux ont été proposés. Chacun a développé un argumentaire singulier. Mais les formes architecturales retenues et le parti d’aménagement adopté répondaient également à une autre attente : redonner à la ville ce « signifiant/signifié » — évoquant sa place aux Etats-Unis mais aussi dans le monde. La proposition de Daniel Libeskind a fait l’unanimité et répond à ce double souhait en intégrant l’aménagement élaboré par Michael Arad et Peter Walker pour le mémorial. Mais l’attention mérite d’être portée sur l’un des projets non retenus ; celui conçu autour de Richard Meier, Memorial Square, interroge. La surprise vient de la forme architecturale imaginée qui procède de ce que l’on appellera ici la transfiguration de la ruine. L'on peut faire l’hypothèse que cette transfiguration est un processus avec ses rouages, producteurs de sens : en une volonté de célébration, d’affirmation de la mémoire des lieux, le motif de la ruine motive le geste architectural. Ce motif trouve même son origine dès la conception de l’édifice. Au-delà, une véritable rhétorique de la ruine peut-elle être esquissée, emportant avec elle la destinée de la ville et du monde ? Désireux d’entretenir le rapprochement entre littérature et architecture, le roman de Jonathan Safran Extrêmement fort et incroyablement près, nourri des attentats de 2001, apporte un éclairage complémentaire. Il autorise le croisement des lectures notamment lorsqu’il s’agit d’expliquer que la ruine — en tant qu’anéantissement d’un objet — empêche la ville d’être vue d’ici ou d’ailleurs, ou a contrario que c’est par la ruine vue depuis la ville, le pays ou toute partie du monde que l’espoir renaîtra.