La ville est réalité. Le réel du quotidien qui parfois se rappelle durement à chacun fait souvent oublier ce qui n'est guère saisissable, mais qui pourtant fait sens. La dimension symbolique offre un accès presque direct à cet aspect de la réalité urbaine. Toucher à la part d'imaginaire qui fonde le rapport au réel est bien plus complexe. Cet espace livre quelques réflexions promptes à rendre ce monde plus accessible. Entre sciences humaines et sociales, art et littérature, l'imaginaire se dévoile, y compris pour les villes d'aujourd'hui. Pour mieux comprendre ma démarche voir ma plateforme professionnelle et le blog inhérent.

jeudi 15 mai 2008

de Babylone à Dubaï : degré zéro de l'imaginaire




En contrepoint du message d'ouverture de ce blog, signalant Babylone comme grande pourvoyeuse d'imaginaire, Dubaï et les aménagements en cours de réalisation — îles artificielles aux formes imagées largement pourvues en lotissements particulièrement inaccessibles au commun des mortels — donnent l'occasion de poser les limites du recours à l'imaginaire pour penser la ville de demain. Il n'y a là rien de plus qu'un jeu sympathique autour d'une imagerie sans imagination et sans le moindre souffle d'imaginaire. Prouesses techniques et financières ne peuvent garantir un appel intelligible à l'imaginaire. Ici, une modernité se mourante se traîne sans parvenir à satisfaire la possibilité d'une postmodernité.

Sans rapport immédiat, mais pour le plaisir de prendre la mesure de ce que représente une société qui se perd dans ce type de défi sans imaginaire, vous lirez l'ouvrage de Mike Davis :  Le stade Dubaï du capitalisme (2007).

résumé
"Village de pêcheurs devenu métropole mondiale en moins de vingt ans, lieu de tous les superlatifs (plus haut gratte-ciel, plus vaste centre commercial, plus grandes îles artificielles, hôtel le plus étoilé...), Dubaï pourrait bien signaler l'émergence d'un stade nouveau du capitalisme, encore inconnu sous nos cieux : un système à la fois plus ludique, par la généralisation du loisir touristique et de la jouissance commerciale, et plus violent, entre chantiers esclavagistes et politique de la peur, grâce aux guerres qui font rage de l'autre côté du Golfe persique - soit une société sans vie sociale ni classe moyenne, pur mirage de gadgets sans nombre et de projets pharaoniques. L'analyse de Mike Davis pointe les rapports de force à l'œuvre derrière le phénomène Dubaï ; elle est complétée par une réflexion de François Cusset sur les défis posés aux " démocraties " occidentales par l'insolente réussite de Dubaï, Inc."


lundi 12 mai 2008

aux sources de l'imaginaire urbain



De Babylone, le sens commun ne retient bien souvent que la Tour de Babel ou les Jardins suspendus, deuxième Merveille du Monde. Fortement marqués d'un point de vue symbolique, ces deux monuments, au sens plein du terme, font presque oublier la réalité urbaine qui a marqué l'espace. Ces deux manifestations d'une mémoire de la Ville de Babylone ou de son épaisseur légendaire évoquent la Ville comme catégorie, comme type-idéal d'une œuvre humaine honorant l'Homme. Mais c'est aussi l'occasion de signifier sa perte par sa trop grande prétention. La Ville lieu des possibles et de toutes les œuvres ; la Ville lieu de perdition par la corruption des âmes. Dès lors, l'aventure urbaine ne cessera d'évoluer entre ces deux positionnements extrêmes : de l'expression du sublime, du sacré à l'aveuglement jusque dans l'abandon et la souffrance. 







à voir : Le Louvre • exposition Babylone